Invités par la marque dans la région de Dijon (21), nous avons découvert le modèle le temps d’une journée. Entre la visite du musée Abarth à Savigny-lès-Beaune, les balades dynamiques entre les vignes et les tours de roue au petit circuit de Pouilly en Auxois, nous avons largement eu le temps de prendre en main la nouvelle Abarth 600E.
600 car plus grande que la 500, « E » pour électrique et Abarth pour la performance, le ton de cet essai est donné.
Embarquez avec nous au volant de cette Abarth 600E !
Le design extérieur - Et comparatif avec la Fiat 600 E
Abarth étant renommée pour ses déviations sportives de modèles Fiat depuis les années 50, il paraissait logique de débuter notre premier bout de trajet jusqu’au musée Abarth en Fiat 600E.
Ces quelques kilomètres de route nous ont permis de prendre en main le gabarit et l’environnement intérieur de l’auto.
Alors certes, cette Fiat 600 est une déviation façon SUV de la 500 ce qui, à première vue, n’est pas la plus noble des mutations. En revanche, cela a des avantages non négligeables !
Premièrement, le look tant adoré de la 500 depuis son lancement en 2007, mis à jour plus récemment en 2020, garde son charme et son identité. On reconnait les feux, la calandre et même le profil général de forme ovoïde, avec l’arrière en pente mais un toit assez haut.
Ensuite, côté des dimensions, la 600 a beau être une 500 XXL, elle reste a fortiori compacte. 4,17 m de long, soit plus court qu’un Volkswagen T-Roc, une Peugeot 2008 ou une Renault Captur. Avec 360 l (ou 385 l pour la 600 hybride), le volume de coffre n’est pas le meilleur de sa catégorie, mais on le lui pardonne car la place à l’arrière est correcte pour un petit SUV urbain.
Pour ceux qui rêvaient d’une Fiat 600 verte, jaune ou bleu, il faudra passer par un carrossier car la palette de couleurs disponibles est étonnement sobre pour une voiture au look sympathique. Heureusement, il y a tout de même le rouge « RED » qui lui va à ravir et donne du peps à l’ensemble, intérieur compris.
Arrivés au Château de Savigny, nous sommes accueillis par les sœurs rebelles de la Fiat 600.
Nous qui nous plaignîmes de la sobriété des couleurs proposées sur la Fiat, nos yeux en prennent cette fois plein la face ! Entre le vert acide et le violet hypnotique de la Scorpionissima, les coloris démarqués des Abarth annoncent leur traitement spécifique comparé à la Fiat.
Avant même de parler technique, le visuel communique déjà une impression de sport. Boucliers avant et arrière spécifiques, aileron plus grand, jantes alliage 20’’ diamantées et, bien sûr, lettrage spécifique.
Point d’orgue de cette différenciation visuelle avec la Fiat, c’est évidemment le scorpion. Symbole fétiche de la marque, et signe du zodiac de son fondateur Carlo, on le retrouve un peu partout, de manière plus ou moins visible. À vous de tous les trouver !
L'intérieur
Arrivés au château de Savigny-lès-Beaune, nous rendons les clés de la Fiat 600E qui nous a permis de faire les 35 km vers le sud depuis Dijon. C’est alors que la visite commence, dans ce musée à la localisation inattendue.
Improbable est également la disposition des voitures, qui stationnent à l’étage, sous les toits. Notre guide, Christophe Pont, nous assure qu’il est facile de les sortir et de les rentrer. Il est le fils de Michel Pont, viticulteur de métier et passionné de mécanique, décédé en 2021. Michel Pont avait couru un temps pour Abarth, d’où l’affection pour la marque.
Après l’acquisition du château en 1979, Michel a constitué cette collection, ainsi que plusieurs autres (motos, avions, tracteurs…). Aujourd’hui, Christophe s’affaire à la remettre en état ainsi que de la mettre en valeur auprès du grand public.
Après cette visite forte intéressante, nous nous dirigeons dans une annexe pour une petite conférence. Les explications sont claires et on comprend l’ambition de la marque : utiliser les contraintes gouvernementales sur les grosses cylindrées thermique pour explorer le nouveau terrain de jeu de l’électrique.
Ainsi, 2 niveaux constituent la gamme de cette Abarth 600E. La Turismo, disponible en blanc, vert, noir et orange, offre un premier palier avec 240 ch. Pour obtenir 40 ch supplémentaires, un look encore plus sportif, et la couleur exclusive violet hypnotique, il faut passer au second niveau, la Scopionissima.
Nous sommes ensuite accompagnés à l’extérieur où nous prenons tous la route dans une Abarth en duo. C’est à ce moment que nous découvrons l’intérieur de cette Abarth 600 E, d’abord la Turismo, puis la Scorpionissima.
Sans surprise, l’intérieur est extrêmement similaire à la Fiat, modèle sur laquelle l’Abarth est basée. Les quelques changements ont été réalisés, selon nous, sur les éléments les plus importants : le volant, les sièges et la planche de bord.
Le volant 2 branches de la Fiat a troqué son look banal pour un mixte cuir/alcantara, avec une bande centrale et des surpiqures vertes. Les sièges Sabelt maintiennent mieux et ont un desgin différent. Ceux de la version Scorpionissima sont encore plus travaillé, avec maintient accru, quasiment comment un siège baquet.
Enfin, alors que la planche de bord est couleur noir sur la Turismo, la finition suivante propose une teinte matte, avec « Abarth » écrit côté passager.
La conduite
Attaquons désormais le chapitre le plus attendu de cet essai : la conduite.
Nous avons profité des quelques dizaines de kilomètres séparant le château de Savigny du circuit de Pouilly pour emprunter un maximum de petites routes. En effet, c’est davantage sur les routes de campagnes que sur les grandes nationales que l’on profite pleinement de cette Abarth 600E.
Très à l’aise avec son image sportive, elle n’est pas là que pour le « show ». Suspensions à butées hydrauliques, hauteur de caisse réduite de 25 mm, freinage avant à 4 pistons et enfin différentiel avant à glissement limité, autant d’éléments que l’on ne retrouve que sur de vraies sportives.
La prise en main est globalement très rapide, le châssis est sain et n’est pas traitre. La puissance est tout de même surprenante, surtout si l’on n’a pas l’habitude de diriger autant de chevaux électriques au sein d’un gabarit relativement petit.
Mais avant même de passer en « Scorpion Track », le mode de conduite le plus sportif (piste) après « Scorpion Street » (sport) et « Turismo » (normal), on peut noter une direction plutôt ferme, une position de conduite assez basse et surtout la sensation d’être collé au sol. Les pneus Michelin 225/40 n’y sont pas pour rien, mais c’est surtout la preuve d’un grand travail d’Abarth sur les liaisons au sol.
Arrivés au circuit de Puilly en Auxois, nous somme pris en charge par un instructeur de conduite. Exit les quelques modèles Turismo, ici tout le monde a le droit a une Scorpionissima pour les tours de piste. Les trois premiers tours (1 tour = 1,5 km) s’effectuent en tant que pilote, avec l’instructeur en copilote. Connaissant bien le circuit et la voiture, il nous conseille et nous guide tout du long. Puis, il prend le volant pour nous montrer tout le potentiel de l’auto.
Ces tours de roue ont montré que l’Abarth 600E est une voiture qui demande à ce qu’on s’en occupe. Elle agira selon la précision des commandes du pilote, et est capable d’encaisser de grandes contraintes sur la direction et sur le frein. Il ne faut pas hésiter à appuyer fort sur ce dernier pour atteindre le bout de la longue course de pédale et enclencher l’ABS. Niveau direction, le différentiel avant à glissement limité est bluffant. Il permet de réaccélérer très tôt et très fort dans le virage, sans sous-virer.
Très impressionnés et pleins d’adrénaline, nous reprenons la route à un rythme adapté à la circulation sur route ouverte pour rentrer à Dijon. Ce temps d’accalmie nous permet d’apprécier la bonne ergonomie à bord. Des boutons physiques bien positionnés pour toutes les fonctions importantes et un écran qui a du répondant.
On apprécie particulièrement le bouton de raccourcis aux aides à la conduite qui permet de désactiver facilement l’aide au maintien dans la voie et l’alerte de dépassement de vitesse, obligatoire sur toutes les voitures depuis 2024. Il ne manque plus qu’à trouver le moyen d’enregistrer ces paramètres pour ne pas devoir refaire la manipulation à chaque démarrage, mais ici c’est le même problème pour toutes les voitures modernes…
Et puisque l’on parle de manipulations à faire régulièrement, parlons recharge de la voiture. Pour notre escapade au circuit, la marque avait assuré le coup avec un chargeur mobile « drop’n plug ». En revanche, il faudra évidemment passer par une borne traditionnelle si vous comptez l’utiliser au quotidien.
Avec une batterie de 52 kWh, et une autonomie annoncée de 320 km, n’espérez d’ailleurs pas partir en road trip, ou du moins pas rapidement. Le caractère sportif de l’Abarth 600E rend son utilisation raisonnée compliquée, induisant une autonomie réelle d’environ 250 km et une consommation au-dessus des 20 kWh/100 km si vous vous entendez bien avec la pédale de droite, voire proche des 30 kWh/100 km sur autoroute.
Notre bilan
Pour finir, nous pouvons conclure que l’Abarth 600E est une vraie sportive, digne d’appartenir à la même famille que ses ancêtres. La propulsion électrique est à l’évidence un choix clivant mais, au vu de la situation actuelle, nous comprenons bien que c’était soit ça, soit rien !
Grand bien leur fasse, Fiat n’est pas tombée dans l’appropriation de l’image sportive d’Abarth en proposant des déclinaisons reproduisant uniquement le look, comme l’on peut voir chez d’autres marques (Esprit Alpine, AMG line, etc).
Si vous voulez le look sportif, il faut prendre la sportive.
Ainsi, 2 niveaux constituent la gamme de cette Abarth 600E. La Turismo (240 ch), disponible en blanc, vert, noir et orange, offre un premier palier accessible à 44 900 €. Pour obtenir 40 ch supplémentaires et un look encore plus sportif, il faut passer au second niveau, la Scopionissima (280 ch), à vous pour 48 900 €.
Voilà le prix de la transition électrique chez Abarth, qui a su respecter la promesse du plaisir de conduite avant tout !
Par Jean Moins - Photos Romain Landréat