Nissan Qashqai e-Power (2024) : l'hybride pour sauver le roi déchu ?

Il fut un temps où le Nissan Qashqai régnait en maître sur le segment des SUV compacts. Précurseur et longtemps leader, il s’est pourtant fait discret ces dernières années, éclipsé par une avalanche de concurrents toujours plus modernes et électrifiés. Pour reprendre sa place dans un marché saturé, Nissan dégaine une solution inédite : l’e-Power, un système hybride unique en son genre, entre thermique et électrique. De quoi redonner un coup de projecteur à ce modèle un peu oublié ?


Depuis son lancement en 2007, le Nissan Qashqai s’est imposé comme une référence du segment des SUV compacts, au point d’en être considéré comme le véritable pionnier en Europe. Aujourd’hui, à l’heure de l’électrification massive, Nissan tente un pari audacieux avec la technologie e-Power. Ici, le moteur essence ne sert qu’à alimenter une batterie, pendant que le moteur électrique assure seul la traction des roues. Le tout sans recharge sur une borne : un compromis qui promet le meilleur des deux mondes. Sur le papier, l’idée intrigue. Sur la route, tient-elle ses promesses ? Nous avons pris son volant afin de vérifier tout cela...


Le restylage du Qashqai 2024 ne bouleverse pas les lignes, mais les affine avec intelligence. Nissan a choisi de renforcer l’identité visuelle du modèle sans trahir son ADN. La face avant gagne en présence grâce à une calandre élargie, désormais plus anguleuse, qui évoque les motifs géométriques des armures de samouraï. Ce clin d’œil à l’héritage japonais de la marque est subtil mais efficace.



De chaque côté, les optiques étirées vers les ailes intègrent une signature lumineuse LED acérée, qui évoque un regard concentré, presque agressif. Les feux de jour en forme de boomerang renforcent cette impression de dynamisme, tandis que les inserts chromés autour des entrées d’air latérales soulignent une montée en gamme bienvenue. Le capot nervuré ajoute du relief à l’ensemble, donnant au SUV un petit air musclé sans excès.

 

De profil, le Qashqai affiche des proportions bien maîtrisées, avec une longueur contenue (4,43 m) qui facilite la vie en ville tout en offrant une habitabilité correcte. La ligne de toit légèrement fuyante vers l’arrière affine la silhouette, sans nuire à l’habitabilité à bord. Les passages de roues marqués accueillent des jantes de 20 pouces sur notre version N-Design, apportant une vraie prestance sur la route. Les protections plastiques couleur caisse sur notre modèle d'essai apportent un aspect haut de gamme. Le traitement bi-ton, permet de visuellement abaisser la silhouette de la voiture.


 


À l’arrière, le design mise davantage sur la sobriété. Les feux effilés arborent une teinte fumée, très en vogue chez les constructeurs actuels. Le hayon, légèrement incliné, est surmonté d’un discret becquet contribuant à l’aérodynamisme. Le bas du bouclier, peint couleur carrosserie, confère une touche premium à ce Qashqai — attention toutefois lors des chargements pour éviter les rayures. Aucun artifice superflu ici : le Qashqai privilégie l’élégance à toute forme de surenchère stylistique.


 


 

A l'intérieur

À bord du Nissan Qashqai, la première impression est celle d’un environnement sérieux, moderne et plutôt valorisant. La planche de bord adopte un dessin horizontal très classique, mais bien structuré, avec une bonne intégration des éléments technologiques. Tout est lisible, fonctionnel et facile à prendre en main dès les premiers kilomètres.


 

La qualité perçue fait un bond en avant par rapport aux précédentes générations. Les matériaux utilisés sont valorisants sur les finitions hautes, avec des plastiques moussés sur les parties visibles, des inserts en alcantara sur la planche de bord, et une belle attention portée aux assemblages. Quelques plastiques durs subsistent dans les parties basses, mais globalement, l’ensemble inspire confiance et robustesse.


Bonne nouvelle : les commandes de climatisation restent physiques, avec des molettes et des boutons bien identifiés, ce qui facilite grandement les réglages en conduite.

 


 

L’ergonomie a fait l’objet d’un soin particulier. L’écran central de 12,3 pouces, bien intégré et légèrement orienté vers le conducteur, offre une interface fluide reposant sur Android Automotive. L’intégration de Google Maps rend l’ensemble particulièrement intuitif et réactif. 


 

Côté instrumentation, le combiné numérique personnalisable affiche une multitude d’informations, parfois un peu trop, mais reste lisible dans l’ensemble. On bénéficie également d’un affichage tête haute couleur, bien intégré et très utile.


 


Les sièges offrent un bon niveau de confort, combinant assise moelleuse et maintien latéral satisfaisant. Selon les finitions, ils sont proposés en tissu, en cuir ou en simili. Les versions haut de gamme, comme celle de notre modèle d’essai, ajoutent les réglages électriques et le chauffage.



À l’arrière, l’espace est tout à fait convenable pour deux adultes, bien que la place centrale demeure un peu ferme. Si la banquette ne coulisse pas, l’ouverture des portes à 85 degrés facilite nettement l’accès à bord pour les passagers.


Le véritable atout du Qashqai reste son toit panoramique, caractéristique emblématique du modèle. Il apporte une agréable luminosité à un habitacle par ailleurs assez sombre.


Le coffre, avec ses 430 litres, propose un plancher modulable et des solutions de rangement astucieuses sous le faux plancher. Il se montre pratique au quotidien, avec une ouverture large et une hauteur de seuil raisonnable. 




Fonctionnement du système E-Power

Le système e-Power développé par Nissan se distingue radicalement des autres technologies hybrides du marché. Là où les hybrides classiques (comme ceux de Toyota ou Renault) combinent un moteur thermique et un moteur électrique qui peuvent tous deux entraîner les roues, le Qashqai e-Power adopte une architecture dite hybride série. Cela signifie que seul le moteur électrique propulse le véhicule, tandis que le moteur thermique joue un rôle de générateur.


Trois éléments clés composent ce système :

  • Un moteur thermique 3 cylindres turbo de 158 ch : il ne sert jamais à faire avancer le véhicule. Sa seule fonction est de produire de l’électricité, en fonction des besoins de la batterie et du moteur électrique.
  • Une batterie lithium-ion compacte : elle stocke l’énergie produite par le moteur thermique et récupérée lors des phases de freinage régénératif. Elle n’est pas conçue pour offrir une autonomie électrique étendue, mais pour servir de tampon énergétique.
  • Un moteur électrique de 190 ch : c’est lui qui entraîne les roues avant. Il offre une réponse instantanée à l’accélération, une conduite fluide et silencieuse, et une sensation très proche d’un véhicule 100 % électrique.


Comment ça fonctionne concrètement ?

Lorsque vous démarrez, le Qashqai utilise l’énergie disponible dans la batterie pour alimenter le moteur électrique. Si la charge est suffisante, le moteur thermique reste éteint, ce qui permet de rouler en mode EV sur quelques kilomètres, notamment en ville ou dans les embouteillages.

Dès que la batterie atteint un seuil bas ou que la demande de puissance augmente (accélération, montée, autoroute), le moteur thermique se met en marche. Il tourne à un régime optimal pour produire de l’électricité, sans lien direct avec la vitesse du véhicule. Cette électricité est soit utilisée immédiatement par le moteur électrique, soit stockée dans la batterie.

Ce fonctionnement permet au moteur thermique de rester dans sa plage de rendement idéale, ce qui améliore l’efficacité énergétique et réduit les émissions. En revanche, sur autoroute ou lors de fortes sollicitations, le moteur thermique peut tourner plus fréquemment, ce qui augmente la consommation.


Impressions de conduite

C’est sur la route que le Qashqai e-Power révèle toute sa singularité. Car ici, la technologie n’est pas un simple "hybride" au sens classique. Le moteur essence ne sert jamais à entraîner directement les roues. Il se contente de produire de l’électricité, qui alimente un moteur électrique de 190 ch, seul responsable de la motricité.


Dès les premiers mètres, cette architecture se traduit par une conduite extrêmement douce. L’accélération est linéaire, immédiate, et surtout très silencieuse. Il n’y a ni passage de rapport, ni à-coups, ni hésitations. Le comportement est proche de celui d’un véhicule électrique, avec la disponibilité immédiate du couple. C’est particulièrement appréciable en ville, où le Qashqai se révèle à la fois vif et facile à manier.


La direction est légère mais précise, le rayon de braquage contenu pour un SUV de ce gabarit, et les aides à la conduite (freinage autonome, alerte d’angle mort, maintien dans la voie, régulateur adaptatif…) sont bien calibrées. L’ambiance à bord est sereine, détendue, presque apaisante.


Sur route comme sur autoroute, le Qashqai se montre stable et rassurant. Sans prétendre à une conduite sportive, il offre un bon compromis entre confort et efficacité. Les suspensions restent toutefois fermes, et les grandes jantes de 20 pouces n’améliorent pas le confort global. Cela dit, le confort n’a jamais été le point fort des générations précédentes.

 

Le seul bémol vient du moteur thermique, un 3 cylindres, qui peut se faire entendre de manière un peu déconnectée du rythme de conduite. Lors de fortes sollicitations — comme une accélération franche ou une montée prolongée — le régime moteur augmente parfois sans que cela ne corresponde à l’allure réelle, un peu à la manière d’une boîte CVT. Ce phénomène est toutefois bien contenu grâce à un système qui module les montées en régime pour les rendre plus naturelles.

 

En conduite coulée, le moteur reste presque imperceptible, et le système se montre très efficient. En usage mixte, les consommations tournent autour de 5,5 à 6,0 l/100 km, ce qui est plus que correct pour un SUV essence de près de 190 ch. Pour autant avec cette technologie nous aurions pu nous attendre à mieux en matière de consommation. Sur des trajets urbains il est parfois possible de descendre sous les 5 litres si la batterie est bien rechargée.


Autre atout : le mode "e-Pedal Step", activable via un bouton sur la console centrale, permet de conduire avec une seule pédale dans la majorité des situations. À chaque levée de pied, le véhicule ralentit de manière progressive mais marquée, ce qui simplifie la conduite urbaine tout en favorisant la régénération d’énergie.


Notre bilan

Après un peu plus de 400 kilomètres au volant de ce Qashqai, l’heure est au bilan. Et le constat est plutôt positif. Le SUV de Nissan a su nous séduire par son ambiance intérieure, où l’on retrouve une qualité de finition très soignée, bien au-dessus de ce que l’on attendait. 

Mais tout n’est pas parfait pour autant. Si le système e-Power apporte une vraie originalité dans la catégorie, son fonctionnement peut désarçonner lors des premiers kilomètres. L’absence de lien direct entre le moteur thermique et les roues entraîne parfois des montées en régime inattendues, surtout en phase d’accélération soutenue. Ce caractère un peu "flottant" nécessite une période d’adaptation.

Autre point à nuancer : la consommation. Sans être excessive, elle reste un peu plus élevée que celle d’un Renault Austral E-Tech, qui bénéficie d’une hybridation plus classique mais mieux maîtrisée sur le plan de l’efficience. Le confort de suspension, quant à lui, pourrait gagner en souplesse, notamment sur les revêtements urbains dégradés où le Qashqai fait parfois ressentir sa fermeté.

Malgré ces réserves, le Qashqai e-Power reste une proposition intéressante pour ceux qui recherchent une alternative à l’hybride rechargeable ou à l’électrique, sans la contrainte de la recharge. Et bonne nouvelle : une nouvelle version du Qashqai e-Power est attendue dès la rentrée, avec des ajustements techniques et esthétiques qui pourraient bien corriger certaines faiblesses de ce modèle.

Nous avons déjà hâte de prendre le volant de cette version mise à jour pour voir si Nissan parvient à faire de son SUV une référence encore plus convaincante.


 



Par Romain L. (@luniversderomain)