Toyota GR86 : un coupé comme on n’en vend plus en France

      Une fois n’est pas coutume, voici la présentation d’une voiture qui n’est plus vendue neuve… Ou du moins en Europe. Et pourtant elle aurait bien des adeptes, nous les premiers ! Moteur boxer atmosphérique, boîte manuelle, belle ligne… Découvrez-en plus sur (l’ex) petite chérie des passionnés automobile !





       Sommaire

      Et si un ami vous proposait de faire un tour dans sa voiture récente, qui est un coupé sportif, avec une belle carrosserie rouge et une boite manuelle 6 rapports, vous diriez quoi ?

      … Nous aussi !

      La voiture en question s’appelle GR86 et l’ami Toyota.

      Nous avons eu le privilège d’essayer ce modèle lors d’un long weekend dans les Cévennes. Entre routes sinueuses, grandes nationales, et petits villages, toutes les situations se prêtaient à prendre du plaisir au volant.

      Alors certes, vous ne pouvez plus trouver de GR86 neuves chez votre concessionnaire Toyota depuis fin 2024, mais de toute façon, auriez-vous pu l’acheter ? En 2024, la taxe faisait grimper le prix initial de 33 900 € à la somme ahurissante de 93 900 €. Néanmoins, vous pouvez toujours en trouver une d’occasion récente.

      Voici l’essai dynamique de la Toyota GR86 !



       

      Le design extérieur

      Nous voilà parti pour plusieurs jours à bord de notre modèle d’essai. Et avant même de monter dedans, appesantissons-nous sur le design extérieur.

      La première chose qui saute aux yeux est la peinture rouge flamboyant. Synonyme quasi-universel de sport, le rouge lui va à merveille, mais d’autres teintes existent tout de même.

      Teintes disponibles :

          - Blanc nacré

          - Gris lunaire

          - Gris magnétique

          - Rouge flamboyant

          - Bleu saphir

          - Bleu cyan

          - Noir intense



      Très vite, la ligne nous rappelle son prédécesseur, la GT86. Produite de 2012 à 2020, elle s’était démarquée par son look attractif, remémorateur des anciennes icones sportives comme la Corolla AE86 et la 2000GT.

      Toyota a fait le choix plébiscité de garder la même recette, simplement en la mettant à jour, un peu comme un remaster d’une musique avec outils modernes plutôt qu’une reprise entière par un autre chanteur.

      Ils pouvaient se le permettre tant les proportions générales furent bien choisies dès le début.


        


      On reconnaît d’ailleurs un beau design à la présence ou non d’appendices « trompe l’œil », permettant de fluidifier la lecture visuelle. Quasiment inexistants ici, les designers ont réussi à trouver l’équilibre qui annonce le caractère sportif de l’auto sans en faire trop et ce, dès le premier coup d’œil.

      Ce n’est pas aussi facile que ce qu’il n’en paraît et dans un monde plein de SUV aux designs alourdis, je me devais de souligner l’équilibre du coup de crayon trouvé sur la GR86.



      Au-delà de son apparence générale, elle reprend logiquement les mêmes attributs physiques que sa mère génétique, la GT86. Petit gabarit (4,27 m de long, 1,31 m de haut), poids léger (1,28 t) et assise proche du sol. C’est une 2+2, ce qui est une manière polie pour dire que les sièges arrière sont plus adaptés à poser ses affaires de voyage plutôt que 2 humains normalement constitués.


         

        


      Quant au caractère sportif annoncé de l’auto, vous avez le droit aux éléments de rigueur. Outre la peinture rouge, la Toyota possède des prises d’air aux passages de roues avant, des bas de caisse proéminents, des jantes noires 10 branches 18’’, un pare-chocs arrière façon diffuseur intégrant deux belles canules d’échappement et enfin un aileron intégré à la malle de coffre façon queue de canard.

      Pour couronner le tout, deux badges « GR86 » sont présents sur la calandre et la malle. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils méritent leur place !




        



      L'intérieur

      Nous voilà partis de Paris à bord de cette Toyota GR86 de 2022, direction les Cévennes. L’aller est l’occasion de se familiariser à l’habitacle et aux commandes. En réalité, il vous faudra à peine 15 min pour vous sentir comme à la maison.

      Aucune surprise dans l’ergonomie et pas de design novateur en vue. Tout tombe sous la main instinctivement tant la configuration respecte les standards en place depuis des décennies. L’avantage est que la prise en main est extrêmement rapide. L’inconvénient est que vous n’aurez pas le même effet « wow » qu’après avoir vu l’extérieur.



        



        


      Les éléments principaux composant l’intérieur de la voiture sont conçus avec des matériaux durables et agréables à utiliser : volant 3 branches en cuir avec commandes intégrées, frein à main proche du conducteur avec poignée enveloppée de cuir, pédalier et repose pied en aluminium et pommeau de vitesse placé au centre à bonne hauteur.


        


      Les sièges semi-baquet sont en grande partie en alcantara, ce qui vous maintient efficacement en place dans les virages. Pour faire de la route, bien que ce ne sont pas des fauteuils de routière, aucun mal de dos n’est à déplorer parmi nous.

      En effet, la GR86 est avant tout une voiture faite pour être utilisée au quotidien. J’en veux pour preuve le démarrage sans clé, les sièges chauffants ou encore l’écran central tactile compatible avec Android Auto/Apple Car Play.


        


      Pour rejoindre l’aspect pratique de cette sportive, vous trouverez de nombreux rangements, allant des larges bacs de porte aux places arrière. Petites, sans appui-têtes et quasiment sans place pour les jambes, elles serviront plus de coffre secondaire que de siège pour humain. Je disais quoi sur l’aspect pratique ?

      Bon d’accord, la Toyota GR86 est une voiture pratique à l’unique condition de l’utiliser comme une deux places.



      D’habitude, pour finir sur l’intérieur, nous incluons généralement une petite phrase sur le coffre. Celui de la Toyota était tellement normal, que nous avons oublié de le prendre en photo. Alors fermez les yeux et imaginez un espace clos de 226 dm³, recouvert de moquette noire, pouvant communiquer avec l’intérieur en rabattant les sièges arrière.

      Dans tous les cas, ne recommandez pas le GR86 à votre ami mafieux, il aura du mal à faire rentrer les corps en un morceau.


        




      La conduite

      Chapitre essentiel de cet essai, la conduite. La route aller nous a donné un aperçu, l’arrivée dans les Cévennes nous procure une confirmation. Conduire la Toyota GR86, c’est du fun en barre.



      La prise en main étant quasi-immédiate, le plaisir à conduire se dévoile quant à lui au fil des kilomètres, que ce soit sur la D986 passant par Meyrueis, ou en hauteur près du mont Aigoual. La recette miracle ? Et bien il n’y en a pas ! Simplement, la GR86 reprend les bases d’une voiture agréable et simple.

      Un volant, 3 pédales et un bon moteur. Ce dernier est d’ailleurs assez original comparé aux voitures du quotidien. C’est un 4 cylindres à plat Subaru, atmosphérique, 16 soupapes, 2,4 litres de cylindrée et développant 235 ch. Linéaire et plein, il aime à prendre des tours et nous récompense par sa belle sonorité, bien plus importante que celle de l’échappement lorsqu’on est dans l’habitacle.


        


      Ce type de moteur est une rareté aujourd’hui, surtout en Europe. En comparaison, l’Alpine A110 sort plus de chevaux de son 4 cylindres, mais celui-ci est bien plus classique. Pistons en ligne, 1,8 litres de cylindrée et alimentation turbocompressé.

      Le ressenti est tout à fait différent, cependant l’Alpine passe les tests d’émissions avec « seulement » 4 000 € de malus, contre 70 000 € pour la Toyota… L’originalité a un prix !



        


      Outre la motorisation réussie, il faut mentionner le comportement routier. Le compromis suspension est parfait pour pouvoir utiliser la Toyota au quotidien sans se casser le dos, tout en profitant des sorties plaisir sans se vautrer au moindre virage. En somme, plus confortable qu’une Mini Cooper S, mais plus ferme qu’une 308.

      Les porte-à-faux courts, ainsi que le centre de gravité bas donnent une sensation de pleine maîtrise du positionnement. On n’est jamais surpris par le gabarit et la GR86 répond toujours parfaitement aux gestes du conducteur.




      Light is right, dit-on dans le milieu. Avec ses 1275 kg, on ne peut pas vraiment appeler la Toyota GR86 un « poids plume », mais cela reste contenu tout de même. Sachez que la boîte automatique à simple embrayage disponible en option vous fera gagner 21 kg.





      Niveau freinage, il y a ce qu’il faut c’est sûr, mais c’est peut-être le point qui pourrait mériter une amélioration, surtout si vous en faites un usage intensif (Ø mm 294 AV / 290 AR). L’Alpine A110, bien que 300 kg plus légère, a des frein un peu plus grands (Ø mm 296 AV / 296 AR).





      Autre regret, la ligne d’échappement d’origine est trop silencieuse. On n’entend presque pas la voiture. Cela peut être vu comme un avantage si vous comptez vous en servir au quotidien, mais vous pouvez être déçu lors des sorties plaisir. Aussi, Toyota le savait surement et propose une ligne GR Performance en accessoire pour ceux dont le simple son venant du moteur ne suffit pas.




      Notre bilan

      La Toyota GR86 reprend parfaitement les bases d’une sportive réussite. Ligne élégante, motorisation satisfaisante et tenue de route impeccable.

      Le terrain montagneux des Cévennes nous a permis d’exploiter pleinement la voiture et d’apprécier la qualité du travail des ingénieurs japonais. Le compromis plaisir/usage quotidien permet d’alterner les phases de conduite tranquilles et les phases avec un rythme plus soutenu.

      Tous ces éléments ont su nous convaincre, à tel point qu’on l’a trouvé plus fun à conduire que l’Alpine A110, également en essai.

      Hélas, cette voiture ne correspond plus à la vision que l’Europe se fait de l’automobile. Avec ses 200 g/km de CO2 émis, le montant de la taxe CO2 française s’élevait à 18 000 € en 2022, puis 60 000 € en 2024. Aujourd’hui en 2025, elle écoperait d’un malus de 70 000 € !

      Vendue à partir de 33 900 € à sa sortie, cette taxe représentait initialement 50 % du prix d’achat, puis quasiment 200 % en 2024, soit un prix total de 93 900 €… Et de toute façon condamnée par les nouvelles normes européennes de sécurité GSR2 entrées en vigueur en 2024, on comprend mieux le choix de Toyota d’abandonner l’Europe.

      Elle subsiste cependant sur d’autres marchés, notamment au Japon et aux USA.

      Si vous êtes encore dubitatif quant à cette sportive parfois méconnue dans notre pays, je vous recommande de l’essayer et vous aussi vous en voudrez une !




      Par Jean Moins - Photos Yohann Hyron