Plus besoin de présenter l'A110 tellement l'icône a eu du succès. Il est rare que la résurrection d'une légende se déroule avec autant de brio. 7 ans après sa sortie, elle attire toujours autant les regards. Comment expliquer ce succès ? Nous sommes allés chercher la réponse à son bord, dans les Cévennes. Embarquez avec nous !
Reine des rallyes et courses de cote, la berlinette développée par Jean Rédélé en 1962, l'Alpine A110, avait laissé sa descendance prendre un peu d'embonpint au fil des années avec l'A310 puis la GTA jusqu'en 1995.
C'est alors que le phénix renaît de ses cendres en l'an 2018 de notre ère. L'A110 est de retour et nous connaissons la suite. 7 ans plus tard, l'engouement autour de cette voiture n'a pas décliné, bien qu'elle arrive en fin de carrière, prévue pour 2026.
Pour mieux comprendre son succès, nous avons pris son volant à l'occasion d'un grand WE dans les Cévennes, aux côtés de deux autres voitures ayant des philosophies bien différentes, une Toyota GR86 et une BMW 420i cabriolet.
Retrouvez l'article de la GR86 sur Mininches : Toyota GR86 : un coupé comme on n’en vend plus en France
Nous voici donc embarqué dans un essai de plus de 2 000 km, du périphérique parisien aux paysages cévenols, en passant par un bout de de nationale 7...
En route !
Le design extérieur
Certains designs sont dans l'air du temps mais vieillissent mal. Certains sont kitschs dès le début et acquièrent un charme au fil des ans. Et certains designs sont simplement intemporels.
Aston Martin Vantage, Porsche 911, Ford Mustang... Alpine A110.
Les designers ont trouvé l'entre-deux parfait entre ancien et nouveau monde. Ils ont su apporter un regard nouveau sur ce qu'est une Alpine tout en gardant les proportions et le coup de crayon originel.
En quittant Paris, nous avons fait le choix d'emprunter la nationale 7 plutôt que l'autoroute. Weekend oblige, pas de pression pour arriver rapidement. De plus, c'est l'occasion de découvrir des routes traversants des paysages aussi colorés que nos voitures.
Notre A110 d'essai possède la teinte iconique bleu Alpine, utilisée quasiment depuis la création de la marque. D'autres teintes tout aussi vibrantes sont disponibles : orange, rouge, jaune, rose, etc. Des teintes plus classiques existent aussi mais franchement, qui veut d'une A110 grise ?
La route se passe sans encombre, avec une pause obligatoire au circuit de Magny-Cours. Nous profitons de ces premières heures de conduite pour découvrir nos voitures et les différentes fonctions.
Concernant l'Alpine, c'est une fois arrivés dans les Cévennes que nous réalisons sa popularité. Les gens se retournent très souvent, prennent des photos et viennent parfois la voir une fois garée. Ce n'est pas non plus un aimant bien sûr, mais elle attire plus d'attention que prévu.
Sa bouille légendaire avec les quatre feux et son allure sportive y sont sûrement pour quelque chose.
Repris de l'A110 originelle sont donc les 4 feux avant, le pli central du capot et le nom de la marque écrit en toutes lettres. Les deux autres plis sur le capots, bien qu'ils n'aient pas de vraies fonctions autre qu'esthétiques, sont en réalité un joli rappel des fixations de capot avant présentes sur le modèle des années 60. Rassurez-vous, le bouchon d'essence à été déplacé sur l'aile avant droite, plus besoin d'ouvrir le capot pour faire le plein.
De profil, on retrouve le même enfoncement à mi-portière et qui descend vers les roues arrière. On reconnaît également bien l'Alpine A110, avec la courbe visible de la lunette arrière suivie des prises d'air du moteur.
L'arrière est quant à lui bien plus "libre de droit" si je puis dire car le bureau de style n'avait pas grand chose à se mettre sous la dent du design originel. À l'époque, l'A110 se terminait avec un bout de tôle droit et des feux de Renault 8. Aujourd'hui, nous avons des optiques spécifiques en "X" et un bas de pare-choc intégrant un échappement central.
Là-encore, la simplicité et la pureté du design sont à souligner. Pas d'apindices inutiles surchargeant la lecture visuelle. C'est sûr, cette auto vieillira comme un bon vin !
Il n'y a pas que dans le style que l'Alpine reprend des codes de sa grand-mère.
En effet, n'oublions pas que l'A110 actuelle reste avant-tout un petit gabarit comparé à la production automobile actuelle ; 4,18 m de long (à peine plus qu'une Clio), 1,98 m de large et 1,25 m de haut. Et avec 1,14 t sur la balance, on ne peut pas dire qu'elle est vraiment obèse.
Ses petites mensurations ne l'empêchent cependant pas d'avoir beaucoup de présence sur la route. Si l'A110 était une personne, on pourrait facilement la qualifier de charismatique.
L'intérieur
À l'intérieur, pas de doute quant à l'appartenance d'Alpine au groupe Renault. Tous les propriétaires de Talisman, Scénic et autre Espace du milieu des années 2010 reconnaîtront la plupart des choses et l'agecement global. Commodo, boutons, poignées... tant d'éléments communs avec d'autres modèles du groupe.
Certains crieront au blasphème mais nous nous devons de souligner que c'est justement grâce à ce partage de pièces d'usage commun que de tels projets sont possibles ! Sans cela, l'Alpine coûterait bien plus chère voire même, n'existerait pas du tout.
Chez Mininches, nous saluons la compromis trouvé entre emploi d'éléments commun et la création d'interfaces propres à la marque Alpine. Typiquement, la console centrale en forme d'anse avec les trois boutons "D", "N" et "R" orienté à 45° est une idée originale, bien que l'on retrouve le module Renault frein de parking + régulateur un peu plus loin.
Autre trait de design propre à cette A110, une partie des intérieurs de porte couleur carrosserie. Un clin d'oeil à l'A110 des années 60 appréciable, qui donne une vrai personnalité à cet habitacle.
Pièce centrale de cet intérieur, le volant à trois branches. Assez classique, il n'en reste pas moins efficace. Une marque de centrage et le logo Alpine sur fond bleu viennent l'embellir. Les compteurs sont disposés exactement comme l'A110 de 1962 : 2 grands compteurs principaux et 3 petits en forme de triangle entre les deux. Bien sûr, l'Alpine moderne adopte des écran au sein des ces compteurs, permettant une personnalisation et la possibilité d'afficher plus d'informations.
Et comme toute voiture moderne qui se respecte, un écran tactile vient compléter le tableau de bord. Cinq touches physiques sont situées en-dessous, contrôlant diverses fonctions, dont le réglage de l'ESP.
Les sièges sont de bonne qualité et nous maintiennent très bien en place. Pour encore plus de maintient, il est possible d'opter pour des sièges sport, et de les équiper d'harnais pour des usages sur piste.
Si vous comptez vous en servire pour voyager par contre, sachez qu'il n'y a pas beaucoup de rangement. Pas de boîte à gants, pas de rangements dans les portes et presque pas de place sous l'anse centrale. Le moteur étant en position centrale arrière, il n'y a évidemment pas d'espace derrière les sièges et encore moins de places arrière !
Vous pouvez néanmoins prendre un petit contenant vertical en option à placer entre les sièges. Heureusement, la présence d'un coffre à l'avant (96 l) et à l'arrière (100 l) compense ce manque de rangement à l'intérieur.
La conduite
Un design extérieur réussi, un intérieur avec du caractère, cela explique en partie le succès de l'A110. Mais la conduite joue un rôle encore plus important.
Pour dire vrai, il nous a été impossible d'atteindre les limites de la voitures sur les routes des Cévennes. Pour ça, il faudrait aller sur un espace dédié, sans restriction, un circuit en somme.
Le fait de ressentir autant la performance et la qualité du maniement de l'A110 comparé à d'autres sportives plus grandes et plus lourdes nous mène à la qualifier de scalpel roulant.
Un des points forts contribuant à sa conduite performante est évidemment l'architecture même de l'auto. Petit gabarit, moteur en position centrale arrière, propulsion et gros freins. Au final, c'est une répartition des masses quasi parfaite avec 44% AV / 56% AR.
Le moteur est un 4 cylindres turbo 1,8 l, développant 252 ch et 320 Nm à 6 000 tr/min. La transmission est assurée par une boîte automatique à 7 rapports. Evidemment, une boîte manuelle aurait été absolument génial sur une telle voiture. Au demeurant, la boîte automatique est bien adaptée, très réactive quand il le faut et agréable à utiliser au quotidien.
Bien équipée sous le capot, l'A110 sait également s'arrêter rapidement. Les freins de base à 4 pistons à l'avant et monopiston à l'arrière (Ø mm 296 AV / 296 AR) peuvent être améliorés par des disques encore plus grands sur la finitions GTS (Ø mm 320 AV / 320 AR).
Cette finition remplace la "GT" et la "S" depuis début 2025. Elle possède logiquement le même moteur poussé à 300 ch comparé à l'A110 normale. Et pour ceux cherchant encore plus de sportivité, l'A110 R est toujours disponible, mais à ce niveau-là on ne joue plus dans la même cours.
L'expérience de conduite à bord de cette A110 est fantastique. Elle enchaîne les virages entre Meyrueis et le mont Aigoual avec une facilité déconcertante.
Jamais nous ne sommes sentis piégés par la voiture. Son comportement est prévisible, il faudrait vraiment faire une erreur de conduite pour sortir de la route.
Le plus bluffant est la sortie de virage. Il est possible d'accélérer assez tôt après le point de corde et alors c'est comme si une main invisible nous emmenait et nous faisait enrouler parfaitement la courbe.
Ajouté à cela, le son reconnaissable des boîtes automatiques à double embrayage lors des passages de rapports et des décélérations. L'avantage du système d'échappement sport à clapet actif (en option) est que l'on peut aussi conduire sans faire de bruit.
Niveau consommation, l'Alpine s'en sort bien, merci au 1,8 l turbo. Nous avons relevé 6,8 l/100 km en moyenne sur la route. Une fois dans les Cévennes, nous étions, cela s'entend, bien moins regardant. Comptez 10 l/100 km pour une conduite sportive.
En fait, l'A110 est la voiture idéale à utiliser au quotidien pour un passionné. Moins extrême qu'une R, qui est trop basse et trop raide, elle garde la vivacité attendue pour un tel coupé sportif.
Ajouter à cela deux coffres (avant et arrière) pour les courses, la climatisation, un écran tactile compatible avec le smartphone et, surtout, un look craquant, vous obtenez un compromis idéal !
La route du retour à Paris sous la pluie nous a bien fait prendre conscience de cela !
Notre bilan
Pour conclure, ce WE dans les Cévennes nous a permis de comprendre le succès de l'A110, même 7 ans après sa sortie.
Une tenue de route chirurgicale, un design extérieur à tomber par terre et un intérieur à la hauteur de la personnalité apparente de la voiture. Des choses basiques, mais exécutées avec brio.
Si vous désirez devenir propriétaire d'une A110, voici les tarifs :
- A110 : 65 000 €
- A110 GTS : 79 500 €
- A110 R : 122 500 €
Espérons que la remplaçante de l'A110 permettra de prolonger le mythe. Pour l'instant, il est prévu qu'elle soit électrique, mais étant construite sur une plateforme multi-usage, il n'est pas impossible que la marque développe également un version thermique. Alors, restons attentifs et croisons les doigts !